28 septembre 2016

L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau, d'Oliver Sacks


Il me reste encore une ou deux chroniques de livres lu il y a déjà plusieurs mois à vous présenter. J'ai eu beaucoup de chance cette année, j'ai eu très peu de déceptions et j'ai découvert beaucoup de livres de qualité, dont celui-ci...


Résumé :

Il y a cet homme dont le cerveau est incapable de reconnaître ce qu'il voit, au point qu'il confond sa femme et son chapeau ; celui qui ne se rend pas compte du temps qui passe et reste coincé dans son passé, au mépris de la réalité ; cette dame qui caricature de façon compulsive les passants dans la rue; ces jumeaux retardés mentaux mais capables de calculer des nombres premiers jusqu'à 6 chiffres; cet autiste quasiment apathique qui exprime une vie émotionnelle intense par ses dessins... Le docteur Oliver Sacks, dans ce livre qui l'a rendu célèbre, explore le sens profond de l'humanité en étudiant le cerveau de ces patients hors-norme.


Mon avis :

C'est déjà le troisième livre d'Oliver Sacks que je lis et c'est seulement maintenant que je découvre le plus connu, celui au titre le plus intriguant. Les trois livres suivent le même schéma : Oliver Sacks, neurologue réputé, nous raconte les cas qui l'ont intrigué et les utilise pour explorer les concepts d'humanité, de dignité, de liberté, de bonheur, d'intelligence. Les questions qu'il pose sont pertinentes : peut-on être heureux lorsque notre cerveau nous cache la réalité ? Est-on vraiment "handicapé" quand l'intelligence défaillante est remplacée par un talent extraordinaire ? Comment accueillir dignement dans notre société des hommes et des femmes dont les cerveaux fonctionnent différemment ?  Comme dans les tomes précédents, ces analyses de cas ne sont pas seulement des anecdotes souvent surprenantes sur les tours étranges que peut nous jouer le cerveau, mais aussi des réflexions pleines de compassion et d'humanité. On ne peut pas s'empêcher d'aimer ce docteur qui s'intéresse d'aussi près à ses patients et respecte chacun d'eux malgré ses limitations.

Dans "Un anthropogue sur Mars", j'avais regretté le fait que les réflexions philosophiques étaient trop longues et prenaient le pas sur les cas eux-mêmes. Ce n'est pas le cas ici. Je n'ai pourtant pas retrouvé le charme de ma première lecture, "L'Eveil" : en partie peut-être parce que je découvrais le docteur Sacks, sa grande humanité et sa belle plume ; mais peut-être aussi parce qu'il y a dans L'Eveil une intensité qui n'est pas égalée ici. On y découvrait des patients parfaitement conscients, esclaves d'un cerveau déficient, qui testaient un médicament miracle avec des résultats parfois extraordinaires, parfois catastrophiques. Il y avait une véritable tension dans ces récits qui m'ont presque mis les larmes aux yeux. Ici, dans "L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau," les histoires sont presque anecdotiques : il n'y a le plus souvent pas de traitement, pas d'évolution, juste des gens qui sont nés différents ou qui le sont devenus et sont souvent inconscients de leurs propres limitations. C'est toujours aussi beau de découvrir l'humanité dans toutes ses déclinaisons, mais j'avais beaucoup apprécié l'émotion de "L'Eveil" et je ne l'ai pas retrouvée ici.

Je vais donc apporter une opinion un peu dissonante et avouer que, si "L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau" est le livre le plus connu d'Oliver Sacks et s'il mérite d'être découvert, je persiste à préférer "L'Eveil". Il n'empêche que les anecdotes de ce recueil sont toutes intéressantes et analysées par l'auteur avec beaucoup d'humanité et de subtilité, comme d'habitude. J'ajouterai que Jonathan Davis, le narrateur de l'audiolivre en version originale, est l'un des meilleurs que j'aie découvert jusqu'à présent: sa voix douce mais pleine d'enthousiasme donne vie à ces phrases parfois un peu austères. Si vous avez les connaissances en anglais nécessaires pour pouvoir découvrir le livre à travers sa voix, je vous le conseille.


Pour en savoir plus :

1 commentaire:

  1. Je n'ai encore rien lu de l'auteur mais j'avoue que ce titre me tente beaucoup.

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