22 mars 2015

Elric, tome 1 : Elric des Dragons, de Michael Moorcock


Pour la lecture de mars du challenge "Un genre par mois", j'ai profité du fait que le genre du mois soit la fantasy pour avancer un peu dans un challenge qui traîne, celui des Chefs d'Oeuvre de la SFFF. J'ai pioché un peu au hasard le premier tome d'une série qui se trouve dans la liste des "chefs d'oeuvre". Le hasard a-t-il bien fait les choses ?


Résumé : 

Elric, roi de Melniboné, l'Ile aux Dragons, ne ressemble pas aux souverains puissants qui l'ont précédé sur le trône d'un peuple craint pour sa force et sa cruauté. Albinos, fragile physiquement au point de ne survivre que grâce des potions, il préfère lire plutôt que combattre ou faire la fête, et sa sagesse et sa mansuétude passent pour de la faiblesse auprès de ses sujets. Son cousin Yyrkoon, en particulier, est persuadé qu'Elric n'est pas apte à gouverner et tente de l'assassiner. Mais Elric est aussi un grand sorcier capable d'invoquer les forces du chaos pour le soutenir... 


Mon avis :

La fantasy est décidément un genre très varié que je découvre petit à petit. Ce n'est pas nécessairement simple de repérer, dans toute la production passée et actuelle, ce qui vaut vraiment la peine d'être lu, alors je fais parfois confiance aux listes établies par des lecteurs mieux au courant que moi. J'ai souvent de bonnes surprises (notamment lors des lectures communes du Cercle d'Atuan), parfois des déceptions, mais au moins j'ai la quasi-certitude de lire quelque chose d'intéressant.

C'était le cas ici. Sans trouver cette lecture particulièrement pénible, je n'ai pas été conquise. En fait, ce roman m'a rappelé "Les neufs Princes d'Ambre" de Roger Zelazny - sauf qu'ici, il n'y a pas vraiment de mystère, tout semble assez compréhensible. L'histoire est pleine d'aventures et de rebondissements, il y a un côté mystique et légendaire, un côté psychologique relativement développé... Mais il y a derrière tout ça une logique un peu étrange qu'il faut accepter sans poser de questions, et surtout, la narration est particulièrement froide. Elric parle de l'amour qu'il ressent pour sa cousine, mais ses mots semblent artificiels, un peu comme un roman d'amour courtois du Moyen-Age. Il semble sage puis prend soudain une décision irréfléchie sous le coup de la colère (et il faut qu'il explique bien qu'il s'agit de colère sinon je ne l'aurais pas compris). Il sauve celle qu'il aime puis lui annonce qu'il partira en voyage, et quand il lui demande de l'accompagner, elle refuse, en pleurant mais sans explication. Même son conseiller le plus proche et le plus fidèle lâche tout à coup une ou deux phrases qui semblent remettre entièrement en cause son dévouement et qui, pourtant, n'ont aucune suite. Tout ça donne une impression de superficialité qui me gène.

En fait, on dirait un compte de fées pour adultes, ou mieux, une légende maintes et maintes fois racontée au point d'avoir perdu de son actualité et d'être pleine de contradictions et de détails douteux. C'était peut-être le but de l'auteur et ce qui plaît à de nombreux fans de fantasy. Pour ma part, je préfère les histoires où le lecteur, par la grâce d'une narration extrêmement réaliste, est pris aux tripes et plongé de force dans le monde où se déroule l'intrigue. C'était particulièrement le cas de l'Assassin royal de Robin Hobb, par exemple.

Ceci dit, je ne peux que reconnaître le potentiel du personnage principal, le fameux Elric. Ce jeune empereur est particulièrement remarquable : à la tête d'un peuple qui est en train de perdre sa mainmise sur le monde, et malgré son jeune âge, il tente de redonner à son royaume une raison d'exister. Issu d'une civilisation remarquable par sa puissance et sa cruauté, il est très faible physiquement et souhaite régner avec sagesse et mansuétude plutôt que par la force et la crainte. Enfin, c'est un sorcier puissant qui peut recourir aux forces du chaos mais qui ne le fera que contraint et forcé par peur de devenir leur esclave. C'est un personnage qui aurait pu être très attachant si l'auteur était parvenu à lui donner un peu plus de réalisme.

Voilà, une petite déception donc, mais un livre que je suis contente d'avoir découvert. Je commence à me faire une idée de ce qui me plaît et ne me plaît pas en fantasy, c'est une bonne chose !  Connais-toi toi-même, comme disait le philosophe...


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- l'avis d'Ethernya pour qui ce livre fut une belle surprise
- acheter ce livre sur Amazon


4 commentaires:

  1. De mémoire le tome 2 est plus sympa (ou en tout cas a une structure plus facile). Après j'ai lu ça y'a tellement de temps... et j'ai jamais terminé d'ailleurs xD

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  2. Ce premier tome est introductif, et comme souvent dans les récits de l'époque (début des années 70), ça va parfois un peu vite, directement à l'essentiel. Surtout que Moorcock se revendiquait aussi de la littérature d'inspiration pulp.

    Mais j'aime l'atmosphère de ce roman, on peut effectivement trouver pas mal de similitudes avec certains textes médiévaux, et le style de d'écriture, un brin désuet, en rajoute encore.

    J'ai souvent lu qu'il fallait découvrir Elric durant l'adolescence, et qu'après il n'avait plus la même saveur. C'est possible, mais j'avoue y trouver quand même mon compte (mais j'aime bien la littérature SF/fantasy de ces années là, ça doit aider).

    Ceci dit, le tome 2 (dans l'ordre chronologique du personnage des aventures d'Elric) est bien différent, beaucoup plus onirique. Peut-être qu'il te conviendrait mieux (d'autant plus qu'il a été écrit en 1989, l'auteur a mûri)... ;)

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  3. Marrant, l'auteur de Néachronical a fait allusion deux ou trois fois de ce livre et tu l'as terminé quasi au moment de ma lecture :)
    Je n'ai jamais pensé à lire ce titre ... je ne sais pas pourquoi puisque c'est un titre reconnu. Un jour qui sait ... mais j'ai déjà pas mal de titres Fantasy à lire :p

    Liras-tu la suite?

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  4. @Vert et Lorhkan : merci pour ces précisions. Je doute quand même que le tome 2 me plaise vraiment, d'autant plus que le côté onirique c'est justement ce que j'aime moins, je préfère le concret et le terre-à-terre :)

    @Thalia : je ne pense pas, c'est intéressant mais ça ne me plaît pas plus que ça, et il y a tellement de choses que je veux découvrir encore... Tellement à lire, si peu de temps !

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