23 avril 2018

Shards of Honour, de Lois McMaster Bujold


Malgré ma gigantesque PAL et plusieurs lectures entamées ou urgentes, j'ai commencé récemment une nouvelle saga de SF, la saga Vorkosigan !


Résumé :

Le capitaine Cordélia Naismith est à la tête d'une équipe de scientifiques en charge d'étudier la faune d'une planète récemment découverte, quand son camp est attaqué brutalement par une troupe armée venant d'une planète ennemie. Tandis que son équipe a réussi à s'enfuir avec leur vaisseau spatial, Cordélia et un collègue dont le cerveau a été endommagé sont fait prisonniers par le commandant du groupe ennemi, Aral Vorkosigan, qui a fait lui-même l'objet d'une mutinerie. S'en suit un périple dangereux à travers une faute et une flore inconnues pour rejoindre le camp de Vorkosigan, pendant lequel Cordélia va apprendre à connaître cet homme qui a une réputation de guerrier particulièrement cruel.


Mon avis :

D'habitude, quand je lis en VO un roman qui a été traduit en français, je donne son titre en français comme en-tête de ma chronique parce que je suppose que la plupart de mes lecteurs souhaiteront le découvrir dans cette langue. Cette fois-ci, je ne le fais pas parce que la traduction apparemment la plus connue dévoile à elle toute seule un point majeur de l'intrigue, celui qui m'a le plus marquée. Je peux seulement vous dire que dans les dernières traductions, ce roman s'appelle L'Honneur de Cordelia. J'ai une sainte horreur des spoilers, et je me suis déjà énervée plusieurs fois contre les spoilers dans les quatrième de couverture, mais là, dans la traduction du titre... bravo, messieurs les éditeurs, vous avez fait très fort. Pour ceux qui connaissent la série, je précise que (spoiler - surligner pour lire) je parle du titre "Cordélia Vorkosigan", qui dévoile dès le début que Cordélia va épouser Aral Vorkosigan.

Mais reprenons au début. Encore une fois, ce roman a atterri dans ma liseuse par des moyens détournés et surprenants. Un jour, je procrastinais gentiment devant mon ordi tout en me disant que je ferais mieux de prendre un bon bouquin. J'avais envie de science-fiction (j'ai souvent envie de science-fiction, vous l'aurez peut-être remarqué) et je me suis dit que je pourrais aller piocher des idées parmi les gagnants des prix Hugo des dernières années. Lois McMaster Bujold y figure de façon prominente, étant donné qu'elle a gagné le Hugo du meilleur roman pas moins de quatre fois. Plusieurs de ces romans primés font partie de la saga Vorkosigan qui a aussi obtenu un Hugo spécial de la meilleure série.

L'étape suivante fut de déterminer par où commencer cette série qui a, comme souvent, une chronologie et une histoire de publication un peu compliquées, et je me suis décidée pour ce tome. Il fut le premier écrit, parmi les premiers publiés, et même si la partie de la série la plus connue concerne le héros Miles Vorkosigan qui n'y apparaît pas, il marque le début d'une chronologie assez serrée (un autre tome se situe plus tôt chronologiquement, mais il a été écrit longtemps après). Cet historique un peu complexe explique probablement le spoiler dont je vous ai parlé dans la traduction du titre : la version française de ce roman a été publiée après d'autres volumes plus connus de cette saga, et (spoiler - surligner pour lire) de nombreux lecteurs savaient probablement déjà que Cordélia et Aral se marieraient; le fait que l'histoire narre les circonstances de leur rencontre, et donc de l'origine de Miles, devaient être un certain argument de vente.

Bref. Comme ça m'arrive très souvent, une fois ce livre acheté et téléchargé sur ma liseuse, je l'ai complètement oublié pendant un certain temps, jusqu'à l'y retrouver au hasard bien plus tard. Je l'ai donc découvert en toute naïveté, comme j'aime. J'ai eu le plaisir de faire la connaissance de Cordélia Naismith, une femme volontaire, courageuse, qui dès le début démontre à la fois sa force, son humanité, et sa capacité à surmonter ses préjugés. J'ai aussi découvert Aral Vorkosigan, ce militaire dur mais intègre, capable de diriger mais aussi de faire confiance, viril et sensible. Suivre ces deux personnages qui entament un périple dangereux mais vont aussi apprendre à se connaître malgré leurs énormes différences culturelles et leurs préjugés fut un vrai plaisir.  Je crois que c'est ce que j'ai le plus aimé dans ce roman : des personnages réalistes, à peine décrits pour qu'on puisse faire leur connaissance en même temps qu'ils font la connaissance l'un de l'autre, et que j'ai appréciés dès le début.

Le reste de l'intrigue est divisé en plusieurs parties où ils vont évoluer séparément, se perdre et puis se retrouver pour se perdre à nouveau. J'ai été surprise par cette intrigue divisée en aventures séparées, comme s'il s'agissait d'une série rassemblée en un seul volume. Ce n'est pas un défaut pourtant, car ça ajoute au réalisme : dans la vraie vie, les choses se déroulent rarement de façon linéaire.

Les aventures de nos personnages se déroulent sur un fond politique et culturel où plusieurs branches de l'humanité, essaimée sur différentes planètes, ont évolué séparément et développé des cultures assez différentes. Il y a un gros aspect space opera, avec une bonne dose d'action, mais aussi beaucoup de cachotteries, de secrets et de double-jeux. Je suis toujours un peu triste de lire des récits de science-fiction qui se déroulent dans un futur lointain mais dont les acteurs font face aux mêmes problèmes que ceux que nous rencontrons : la xénophobie, la loi du plus fort, les meurtres politiques, le nationalisme qui s'exprime par la guerre. Je suis peut-être un peu naïve mais j'imagine un monde qui évolue, lentement mais sûrement, pour s'éloigner de ces bêtises. Le monde de Cordélia et surtout celui de Vorkosigan n'ont pas beaucoup évolué socialement: la planète Beta dont vient Cordélia est évoluée technologiquement mais n'a que peu de respect pour les libertés individuelles, et celle de Vorkosigan est un Empire fondé sur une aristocratie guerrière. Tous deux s'insurgent contre cet état de fait, cependant, et le récit tourne aussi autour de ces questions : comment servir son pays en tant que soldat quand on souhaite la paix, vaut-il mieux essayer de changer les choses en intégrant un système corrompu ou refuser d'y participer, et de façon plus générale, comment vivre avec honneur quand on fait partie d'une machine sociale qui n'en possède aucun. Ce sont des questions qui résonnent déjà de nos jours.

Je suis peu satisfaite de cette chronique parce que ce roman fut un vrai plaisir qui m'a envoûtée au bout seulement de quelques pages, et je n'arrive pas à expliquer clairement pourquoi. Je pense que c'est avant tout les personnages et leur relation qui m'a beaucoup plu; ils sont très terre-à-terre, mais ils m'ont semblé très réels et m'ont touchée de façon surprenante. L'intrigue est prenante, le monde facile à assimiler, et la narration ne s'encombre pas de fioritures tout en restant très efficace. Autrement dit, j'ai été conquise au point d'acheter directement la suite de ce tome. Un début prometteur pour cette série, en ce qui me concerne !


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre


5 commentaires:

  1. J'aime énormément toute la série et ce tome-là (et le suivant) en particulier, pour le personnage de Cordelia qui est magnifique ! Est-ce que tu as lu "Gentleman Jole and the Red Queen", le dernier tome de la saga ? Elle en est un personnage principal, j'étais vraiment heureuse de la "revoir" :-)

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  2. Ho oui, cette saga est géniale, elle n'a pas volé ses Hugo ça c'est sur :P
    Le suivant est encore meilleur et ensuite on entame la partie avec Miles qui est énorme =)
    Ce roman ci est pour moi la meilleur entrée dans la série, et ensuite continuer dans l'ordre chronologique est une bonne idée aussi (en intercalant les Hors séries qui parlent d'autres personnages soit dans l'ordre de publication, soit carrément à la fin comme bonus)
    En tout cas je te souhaite vraiment de bonnes lectures avec cette série géniale !

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  3. C'est une saga vraiment géniale, ravie que tu aimes !

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  4. Je lis de temps en temps tes chroniques, mais je crois bien que c'est la première fois que je commente (pardon). Et ce juste pour appuyer sur le fait que si tu as aimé ce tome, je pense que tu aimeras les autres :) (pour ma part, je préfère ceux avec Miles, effectivement, mais les autres sont très bien aussi !) Concernant ce tome en particulier, j'avais, comme toi, été très refroidie par la traduction du titre, qui m'avait gâché une partie du roman (comme toi, j'ai commencé la saga par là). J'ai été également très déroutée par l'intrigue éclatée. Ce trait est moins présent dans les volumes suivants, me semble-t-il.
    Bref, je suis toujours ravie de trouver de nouveaux lecteurs de Bujold, surtout s'ils ont apprécié leur lecture :)

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  5. Quel enthousiasme pour cette série ! Merci pour vos retours, je crois en effet que je suis tombée sur un bon filon :)

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