22 janvier 2018

The Jewel and Her Lapidary, de Fran Wilde


Je vous présente un nouveau récit court de fantasy, une histoire de pierres précieuses...


Résumé :

C'est l'histoire d'une vallée où règne une famille qui tient son pouvoir de pierres précieuses capables d'influencer les comportements des humains. Pour entendre les cris des pierres et les faire obéir, il faut des pouvoirs et un entraînements spéciaux qui sont réservés aux Lapidaires ; chaque membre de la famille royale a son Lapidaire qui le suit et le sert de la naissance à la mort. Mais il y a un coup d'état ; le roi est trahi par son propre lapidaire, et toute sa famille est assassinée. Il ne reste plus que la jeune princesse Lin, peu éduquée, et son Lapidaire Sima, aux pouvoirs limités. Les deux jeune filles sont seules pour faire face au traître et aux envahisseurs qui ont l'intention d'utiliser les pierres pour soumettre les habitants de la vallée à la servitude.


Mon avis :
Encore une "novelette" (longue nouvelle) qui avait été sélectionnée pour le prix Hugo 2017, que j'avais reçue en tant que votante, et que je n'ai lue finalement que début janvier cette année, pendant ma petite folie de textes courts - je lisais en même temps le troisième tome des Archives de Roshar de Brandon Sanderson et ce pavé qui n'en finissait pas m'a donné des envies de petites pauses ludiques. Comme pour "Every Heart a Doorway", j'ai également été attirée par le titre de ce récit : "Le joyau et son lapidaire". Il a fallu que je me renseigne pour apprendre qu'un lapidaire est celui qui façonne les pierres précieuses, mais ce titre m'évoquait déjà des images de pierres étincelantes, d'amitié et de talent.  Sans compter que la couverture est également sublime...

Il y a un peu de tout ça dans ce récit, mais je dois avouer qu'il m'a surtout décontenancée. Il est joliment écrit, oppressant et prenant, l'action commence brutalement dès les premières lignes, mais... il nous présente un monde complexe en seulement quelques pages, et en tant que lectrice, j'ai vite été dépassée. L'idée est jolie : les rois et les reines de cette vallée ont des pouvoirs magiques qui leur permettent d'influencer le comportement de leurs sujets et ennemis, par exemple en rendant les frontières de leur pays infranchissables, mais ces pouvoirs leurs viennent de pierres précieuses qu'ils portent constamment, et ils ne sont pas capables eux-mêmes de les utiliser, ils doivent les faire obéir par l'intermédiaire d'un "lapidaire" qui leur est entièrement dévoué. La relation entre la jeune princesse Lin et son lapidaire Sima forme le coeur de ce récit : elles se trouvent toutes les deux dans une situation désespérée, et sont toutes les deux liées par le coeur et par la magie à des voeux qu'elles doivent respecter et qui ne sont pas les mêmes. Y a-t-il une façon d'utiliser les joyaux qui leur restent pour sauver leur vallée, tout en respectant leurs voeux ? C'est un vrai casse-tête à rebondissements et surtout empreint de beaucoup de douleur et d'anxiété que l'auteur nous fait très bien ressentir.

Le problème c'est que le contenu est si complexe qu'il aurait mérité plus d'explications et plus de longueur. La narration nous permet de comprendre les choses petit à petit, mais il reste des tas de questions inexploitées. Le système de magie, la façon d'assembler les pierres à leur monture, de les "apprivoiser", le point de vue du lapidaire qui est presque un esclave, le point de vue d'une famille royale qui finalement n'a aucune légitimité puisqu'aucun pouvoir personnel, les relations complexes entre les pierres et les lapidaires, le rôle des voeux et des bijoux... Il reste à mon avis tellement de questions, tellement de points qui mériteraient d'être développés, que ça en est frustrant. 

En bref, c'est un beau récit, qui part d'une bonne idée, mais qui aurait dû faire l'objet d'un roman complet, pas juste d'un récit court. Il s'y passe des tas de choses, Lin et Sima sont des personnages auxquels on s'attache vite, mais j'aurais voulu que la complexité de leur monde nous soit dévoilée plus en profondeur. Décidément, je continue à penser que la catégorie "novelette" des Hugos de l'année passée était riche en découvertes, mais que le gagnant (The Tomato Thief) a été bien choisi. 


Pour en savoir plus :

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