14 janvier 2018

Le Chinois, de Henning Mankell


Parfois on prend un livre, confiant que l'on passera un très bon moment, et puis c'est la déception... C'est ce qui m'est arrivé il y a un peu plus d'un mois !


Résumé :

Un soir d'hiver, dans un petit hameau au fond de la Suède, une série de meurtres sont commis. Toutes les maisons sauf deux reçoivent la visite d'un meurtrier particulièrement sadique qui torture et tue à l'arme blanche les habitants de ce petit bourg tranquille, en majorité des personnages âgées. L'événement fait bien entendu la une des journaux et attire l'attention d'une juge du sud du pays, Birgitta, car les parents adoptifs de sa mère habitaient ce village. Birgitta, en congé maladie, en profite pour se rendre sur les lieux et découvre plusieurs indices semblant lier cette affaire à une vieille histoire en Chine...


Mon avis :

Voici un roman qui m'est tombé dans les mains tout à fait par hasard. Je ne sais plus à quelle occasion je l'ai acquis sous forme d'ebook, ça doit dater de plusieurs années. Puis l'autre jour je me suis retrouvée face à ma liseuse avec l'envie de quelque chose de simple et de prenant mais sans action échevelée, quelque chose qui corresponde à mon humeur hivernale. J'ai dû remonter loin dans mon catalogue de lectures personnel, mais quand je suis tombée sur ce roman, je me suis dit que c'était ce qu'il me fallait. Mes deux rencontres précédentes avec Henning Mankell m'ont laissé le souvenir d'un auteur de romans policiers qui savait construire une enquête complexe tout en s'attardant sur la vie de ses héros, des personnages normaux avec une assez riche vie intérieure. J'espérais donc passer un bon moment, transportée au fond de la Suède.

Au lieu de ça, c'est en Chine que j'ai débarqué. Si l'enquête commence bien en Suède, assez rapidement un autre récit s'incruste dans le premier, tout à fait comme dans la première aventure de Sherlock Holmes, "Une étude en rouge". Le héros devient tout à coup un jeune Chinois du XIXème siècle obligé de fuir son village natal avec ses frères et connaissant des aventures assez horribles. Ce récit est assez long et au départ il n'y a aucun rapport avec le meurtre suédois, même si on se doute bien que, comme dans "Une étude en rouge", il fournira au moins un mobile. Ensuite on revient en Suède à l'époque actuelle avec notre héroïne principale, Birgitta, mais à partir de là elle se met à parler de la Chine (c'est une ancienne communiste et ex-fan de Mao), va en Chine, rencontre une Chinoise qui sera aussi l'héroïne d'un nouveau récit inséré dans l'intrigue principale, bref, la Chine est partout.

Ce n'est pas un mal en soi, mais honnêtement, le récit de façon générale a pris une tournure à laquelle je ne m'attendais pas du tout. L'enquête sur la tuerie horrible du début est carrément mise au second plan, d'ailleurs tous les mystères ne seront pas élucidés. A la place, en plus des récits enchâssés, on suit les aventures de Birgitta à qui arrivent plusieurs trucs bizarres qui la font flipper et qu'elles ne comprendra qu'à la toute fin. Il y a le suspense de la savoir en danger, mais finalement ce danger ne se matérialisera réellement que sur les dernières pages. De façon générale, l'action assez molle ne remplit pas suffisamment le manque créé par l'absence de véritable enquête policière.

Par contre, ce qui remplit des pages et des pages, ce sont les réflexions des différents protagonistes, en majorité concernant (vous l'aurez deviné) la Chine. Tout y passe : les erreurs de Mao, les effets de la Révolution Culturelle, les bienfaits du communisme, les inégalités sociales passées et présentes, les ambitions géopolitiques du pays... En fait, ça va si loin que certains passages du livre (notamment la visite chinoise au Zimbabwe) m'ont semblé avoir principalement pour but de parler encore un peu plus de la Chine. Ca fait quand même beaucoup, surtout qu'il ne s'agit pas d'informer le lecteur qui ne connaît rien du pays, il s'agit plutôt de réflexions sur les événements historiques, culturels et politiques du pays. Moyennement intéressant pour qui ne connaît pas du tout le pays, et surtout pas du tout ce qu'on attend d'un roman policier.

A côté de ça, l'enquête est souvent négligée et l'héroïne, Birgitta, la mène en amatrice particulièrement maladroite. A plusieurs moments j'ai trouvé son comportement absolument pas cohérent. Elle n'hésite pas à faire des centaines de kilomètres sur un petit soupçon mais ne prend même pas le temps de passer un coup de fil à la police quand sa piste devient vraiment sérieuse ; elle risque sa carrière sur une impulsion ; elle cache des événements importants à son mari et à sa meilleure amie, sans vraie raison ; ce genre de choses.

Bref, ce roman fut une déception. Il a ses qualités, mais ce n'est pas du tout ce que j'attendais en l'ouvrant. Il se déguise en roman policier, alors que l'intrigue policière est franchement faible, et le grand nombre de réflexions sur la Chine dans la tête des différents personnages, ainsi que les sous-narrations intégrées, en font un tout autre genre de récit. Je n'ai pas souvent été déçue en 2017, mais il fallait bien que ça arrive de temps en temps !


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre

1 commentaire:

  1. curieux moi jai un bon souvenir d un mankell différent et passionnant pour la partie historique chinoise

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