17 février 2016

Persuasion, de Jane Austen


Je vous parle d'une deuxième romance ce mois-ci ! Ca ne m'arrive pas souvent, profitez-en si vous aimez ce genre  :)


Résumé :

Anne Elliott est une jeune femme raisonnable, intelligente et attachante, mais entre un père futile, une soeur aînée imbue d'elle-même et une soeur cadette mariée, elle est bien mal considérée au sein de sa famille. Huit ans plus tôt, elle a refusé les avances de l'homme qu'elle aimait sur les conseils d'une amie de la famille qui ne le voyait pas devenir un époux sérieux. Mais depuis lors, le Capitaine Wentworth est réapparu dans sa vie, il a fait carrière, il est riche et il est toujours aussi séduisant... Anne a-t-elle raté sa chance au bonheur ?


Mon avis :

Ca, c'était mon premier choix pour la romance du challenge "un genre par mois".  "Avant toi" de Jojo Moyes était un accident en cours de route, mais au départ, un peu démunie face à un genre qui me plaît rarement, je m'étais tournée vers une valeur sûre : cette chère Jane Austen. Comme beaucoup de demoiselles, je suis une grand fan d'Orgueil et préjugés et je complète au fur et à mesure des années ma lecture des romans de cette auteur. 

Ce que j'aime chez Jane Austen c'est qu'elle nous plonge volontairement dans la société des XVIII et XIXème siècles, dévoilant sous sa plume critique les aspects les plus importants. Les familles qu'elle décrit sont d'un milieu social élevé, et leurs préoccupations sont très différentes de celles d'aujourd'hui, mais la narration est tellement détaillée que l'on vit dans leur peau tout au long de chaque roman. C'est bien entendu le cas ici aussi : la famille Elliott doit faire face à des problèmes d'argent (très relatifs), leur héritage est promis à quelqu'un qu'ils ne connaissent quasiment pas, Elizabeth et Anne doivent trouver à se marier pour garder un certain statut social et l'amour n'est peut-être pas le plus important dans leur choix... Des thèmes qu'on retrouve dans d'autre romans de la même auteur. A chaque fois, la vie de ces gens me surprend : leur monde est très privilégié sans qu'ils s'en rendent compte ("être pauvre" signifie n'avoir qu'un domestique), et pourtant leur milieu est si étriqué et si compliqué ! Ils ont l'air de passer leur temps à trouver quelque chose à faire : visites, promenades, repas, écrire des lettres, et on recommence. Mais dès qu'ils sont en société, alors il faut paraître, être scrupuleusement poli et intelligement intéressant, démontrer un goût raffiné et une convenance sans failles, entamer des conversations philosophiques poussées et deviner à demi-mots les nombreux sous-entendus. Le style un peu recherché de Jane Austen rajoute probablement à la complexité des conversations, mais ce qui est sûr c'est que c'est une société où l'on est jugé à chaque mot et où la spontanéité est très, très rare. 

La complexité des relations est particulièrement marquée quand il s'agit de manoeuvrer pour réussir l'opération la plus importante d'une vie (surtout pour les femmes) : se marier. Ce n'est pas à demi-mot qu'il faut faire comprendre ses sentiments, c'est au quart d'un bout de souffle... ce qui bien évidemment entraîne de nombreux malentendus qui font tout le sel des romans. Je ne suis pas entièrement conquise par l'intrigue de celui-ci : il m'a semblé que l'intrigue principale traînait trop longtemps pour finalement se résoudre brusquement. Le point de vue d'Anne, celui que l'on suit, n'évolue pas d'un bout à l'autre et elle est dans une telle situation qu'elle ne peut rien faire ni espérer grand-chose ; c'est de l'autre côté que ça se passe et ce côté-là, on n'en apprend les sentiments qu'à la fin du roman. Il se passe des choses, mais pas dans le coeur de notre héroïne, et on se demande longtemps où tout ça va nous mener.

Ce que j'aime aussi chez Jane Austen, c'est son petit côté satyrique et l'humour que l'on trouve dans certaines situations et certains personnages, parfois même assez caricaturaux. Sauf que ce roman-ci m'a paru un peu en manquer, de cet humour. Anne est un personnage un peu terne, elle n'a pas la vivacité d'Elizabeth Bennet, on n'a pas envie de lui donner des claques comme à Emma Woodhouse, mais je l'aime bien : c'est une jeune femme raisonnable mais avec une riche vie intérieure, mature et responsable, prête à accepter beaucoup (trop ?) pour garder l'harmonie dans sa famille. Son père est un peu idiot et un peu vain, sa soeur aînée désagréable, la cadette pénible, mais aucun d'entre eux ne pousse ses défauts jusqu'au comique.  Un Mr Bennet et ses moqueries acide, un Mr Collins et sa bêtise m'ont manqué. Ce roman-ci est plus réaliste et du coup, un peu plus sombre aussi. 

Ceci dit c'est resté une lecture non seulement plaisante, mais aussi très instructive : la galerie de personnages est large et variée, et peut-être plus encore que dans les autres romans de Jane Austen, on visite en profondeur la vie des personnages. On y découvre une autre espèce de nantis, les capitaines de marine, on fait un petit tour à Lyme et à Bath, bref, c'est une jolie ballade. Mais je dois avouer que mon petit coeur n'a pas franchement tremblé pour l'avenir sentimental de cette pauvre Anne...

Pour en savoir plus :

3 commentaires:

  1. Des trois que j'ai lus (O&P, Raison et sentiments et celui-là donc), c'est celui que j'ai préféré. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Anne, l'histoire et le côté satyrique dont tu parles.

    RépondreSupprimer
  2. C'est vrai qu'Anne ne change pas au cours du roman, mais je trouve que son côté raisonnable fait justement ressortir tout ce que tu dis sur le reste de la société. Et même si il n'y a pas l'ironie d'Orgueil et Préjugés, le regard porté reste quand même très satirique

    RépondreSupprimer
  3. Dans mon top 3 des préférés de l'auteure, avec O&P et Emma :) !

    RépondreSupprimer