14 juillet 2015

Mortimer, de Terry Pratchett


Voici encore une chronique qui attendait depuis trop longtemps sa publication... Ce roman était la lecture de mai du Cercle d'Atuan, en hommage à son auteur décédé récemment, et ça tombait très bien : j'avais envie de le lire depuis très longtemps !


Résumé :

Sur le Disque-Monde, c'est la Mort (personnage masculin au squelette terrifiant dans lequel percent deux yeux bleus brillants) qui récolte les âmes des pauvres ères qui ont fait leur temps. Même s'il ne se déplace personnellement que pour les sorciers et les princes, la Mort est débordé et voudrait s'offrir un peu de bon temps. C'est pourquoi il engage le jeune Mortimer, un fils de paysan un peu fantasque. Qu'est-ce que ça veut dire, être apprenti de la Mort ? Ca signifie découvrir son repaire hors du temps, manier la faux magique, et surtout, beaucoup de possibilités de faire de grosses, très grosses bêtises...


Mon avis :

Je savais en commençant ce roman que ce serait un vrai plaisir à lire. Je n'ai lu que les deux premiers tomes de la série du Disque-Monde, et je les avais déjà adorés ; le consensus général étant que "Mortimer" est l'un de meilleurs volumes de la série, je m'attendais à être conquise. Et pour une fois, malgré mes attentes, je n'ai pas été déçue !

Je l'ai lu en anglais, je n'ai donc pas d'avis particulier sur la traduction, mais je sais qu'elle est généralement très réussie. Le premier piège qu'a dû éviter le traducteur est dans le titre : la version originale s'intitule "Mort", le diminutif de Mortimer et une référence évidente au mot français qui est utilisé en anglais dans certains contextes très spécifiques. Du coup le titre français a repris le prénom en entier et utilise "Morty" comme diminutif. Voici un petit exemple de la subtilité des jeux de mots extrêmement fréquents dans les romans de Terry Pratchett ; il est fort probable que j'en ai raté un bon nombre, mais je n'ai eu aucun problème à comprendre le texte dans sa langue originale. 

Le charme de Pratchett a deux facettes : une imagination débordante pour l'intrigue et un style humoristique inimitable. L'intrigue est très réussie : c'est un concentré d'aventure qui emprunte des tas de clichés pour les retourner de façon à nous surprendre. La Mort par exemple, on l'imagine très bien avec sa cape, sa faux, son regard terrifiant, le désespoir qui l'accompagne... sauf qu'au lieu de le prendre tel qu'il est, un personnage d'horreur, Pratchett en fait un chef d'entreprise, un fonctionnaire, le père un peu débordé d'une adolescente difficile, et surtout un grand curieux qui a envie de découvrir les plaisirs humains. Tout de suite, ça détonne !  C'est aussi le début d'une intrigue pleine de rebondissements où notre héros, l'apprenti Mortimer, sera vite débordé par les conséquences d'une fausse manoeuvre impulsive... Les pages se tournent comme celles d'un conte plein d'aventures, et en-dehors d'une fin où quelques aspects m'ont un peu déçue, c'est un récit qu'on n'a pas envie de lâcher une fois qu'on l'a commencé.

Quant au style narratif, il est inimitable. L'humour, c'est quelque chose qui plaît ou qui ne plaît pas, c'est très personnel ; je n'ai pas vraiment adhéré à celui de Douglas Adams, un autre auteur anglais célèbre pour ses romans de science-fiction humoristique, mais par contre j'adhère sans réserve à celui de Terry Pratchett. Je ne ris pas à toutes les pages, mais le sourire y est toujours. L'auteur a notamment un talent particulier pour les descriptions, il ne cesse d'inventer des métaphores amusantes et éclairantes à la fois ; il parvient ainsi à rendre ce roman très visuel.  En plus de ça, il ne se contente pas d'utiliser le langage pour parvenir à ses fins, il emploie aussi des ressources inexplorées de la typographie. Par exemple, la Mort s'exprime toujours en lettres capitales, ce qui lui donne une majesté inattendue, permet de jouer avec le contraste entre le sérieux de la police et la frivolité des propos, et permet aussi de faire passer des informations supplémentaires au coeur de l'intrigue (je vous laisse découvrir de quoi il s'agit). Il n'hésite pas non plus à utiliser des procédés qui s'approchent de la BD, comme par exemple 
"..." dit-il.
Ca doit être un vrai cauchemar pour les narrateurs d'audiolivres ! 

Bref, voilà un roman de divertissement parfait : il vous fera passer un excellent moment, le genre de choses qu'il faut lire quand on n'a pas trop le moral. D'après des co-lecteurs qui ont entamé la découverte du Disque-Monde avec ce roman, ne pas avoir lu les épisodes précédents n'est pas du tout un problème. Il s'adresse donc à tout le monde, et si je ne peux pas garantir que l'humour de Pratchett sera celui qui vous convient, je peux vous garantir que ça vaut vraiment la peine d'essayer ! 


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- les avis de mes co-lecteurs (à venir)
- acheter ce livre sur Amazon


1 commentaire:

  1. Oh oui, le style de Pratchett est inimitable :) Bon, je suis bon public... je trouve que l'humour à l'écrit est tout de même bluffant. J'ai beaucoup aimé ce tome - mais le fait que la Mort soit un personnage que j'apprécie beaucoup n'y est pas étranger.

    RépondreSupprimer