23 février 2014

Que ton règne vienne, de Xavier de Moulins


Pour une fois, je vous présente un roman qui vient de sortir, une plongée dans la relation d'un père et d'un fils...


Résumé :

Lorsque le père, Jean-Paul, meurt brutalement, le fils, Paul, s'effondre. Il lui faudra des mois et l'aide d'Oscar, l'ami d'enfance, pour faire face à la disparition de celui qu'il a tant aimé et tant haï. Alors que l'image de son père l'obnubile, Paul doit aussi faire face à la perte de son propre status de père, et à la perspective de voir Oscar fonder sa propre famille.


Mon avis :

Parfois, un titre bien choisi sublime un livre. Dans le cas de ce roman-ci, on peut dire après lecture que tout est dans le titre, sans que celui-ci ne révèle rien par lui-même au futur lecteur; une réussite plutôt rare !

Notre Père, qui êtes aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne...
Toute l'histoire est donc celle d'un père et d'un fils, vue par les yeux du second. Dès le début, l'ambivalence des sentiments du fils pour le père interpelle : comment un enfant qui adorait son père peut-il devenir un adulte qui le déteste autant ?  A force de phrases courtes et de flash-backs, l'auteur exprime très bien le désarroi profond du fils face à la figure insupportable et inévitable de son père qui le hante.

La relation entre père et fils se joue aussi dans l'autre sens : Paul est père de deux enfants qui, brutalement, lui sont retirés. En même temps que ses repères paternels s'effondrent, il doit faire face à la perte de son propre rôle en tant que père, un rôle qui était, on l'apprend plus tard, au centre de sa vie. Finalement, il ne trouvera la paix que quand, à son tour, son "règne" en tant que père (re)viendra. 

Enfin, entre le père et le fils, nous avons bien entendu... le Saint Esprit, sous la forme d'Oscar, l'ami parfait. L'enfance de Paul est profondément liée à celle d'Oscar, qui semble représenter a minima la figure du grand frère. Il m'a pourtant semblé que ce personnage, bien qu'omniprésent, reste mystérieux ; que trouve-t-il dans l'amitié de Paul, lui qui semble tellement plus solide, tellement plus intéressant ? Sa perfection même est presque surnaturelle, mais il représente un autre aspect de la paternité : le dévouement.

Entre la narration de la façon dont Paul se sort de sa déprime et les flash-backs répétés (tous très clairement indiqués par une date au début de chaque chapire), l'auteur nous fait petit à petit comprendre la relation entre Paul et Jean-Paul. Ce n'est ni larmoyant ni excessivement sentimental, ce que je craignais, et bien que le rythme soit assez lent, le livre se lit rapidement. J'ai été particulièrement séduite par la plume efficace de Xavier de Moulins ; la façon dont l'auteur explore le rôle paternel dans les deux sens sonne très juste, bien que le dénouement soit un peu prévisible et assez tiré par les cheveux. J'en garderai l'image d'un roman touchant, même s'il ne me semble pas inoubliable. 

Un grand merci aux éditions JC Lattès et à Livraddict pour ce partenariat ! 


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- l'avis de Missmolko1, qui "ressort de ce livre comblée"
- acheter ce livre sur Amazon.


2 commentaires:

  1. Cela a l'air intéressant... Le style est-il fortement marqué par le vocabulaire religieux (j'avoue que cela pourrait constituer un frein pour moi)?
    Les textes qui évoquent les malaises familiaux de manière nuancée ou, au contraire, polémique sont plutôt rares, je trouve. Peut-être que tu apprécierais également Hélène Lenoir.

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  2. Nooooon, je te rassure, le vocabulaire religieux s'arrête au titre (ouf !). Il y a un peu de mysticisme sous-entendu, car l'auteur a tendance à voir son père comme un dieu et son rôle de père comme un sacrement, mais ça c'est moi qui le dis !

    Merci pour la référence :)

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