10 janvier 2014

Rebecca, de Daphné du Maurier


Ma toute première lecture de 2014 est en fait une relecture, et une belle ré-découverte !


Résumé :

Lorsque la jeune narratrice, timide demoiselle de compagnie pour une vieille dame acariâtre, rencontre Maximillien de Winter, maître du magnifique domaine de Manderley, elle en tombe amoureuse tout en sachant que tout les sépare. Cependant et contre toute attente, Maximilien, récemment veuf, lui demande de l'épouser. Après un mariage rapide et une courte lune de miel, le couple s'installe à Manderley, mais la nouvelle maîtresse de maison s'y sent vite mal à l'aise, entre un mari distant, une gouvernante hostile et l'ombre permanente de Rebecca, l'épouse morte mystérieusement...


Mon avis :

Ceux et celles qui me connaissent savent que je ne suis pas une grande fan de romance. Vu le résumé de celui-ci, qu'est-ce qui a pu m'attirer ? Eh bien, d'abord par le fait qu'un roman dont Alfred Hitchcock a fait un film doit contenir autre chose qu'une simple romance. Et puis ces derniers mois je suis passée par une phase "je relis des romans que j'avais découverts pendant mon adolescence et dont je n'ai qu'un vague souvenir" ; Rebecca fait partie de cette catégorie. J'en avais le souvenir d'une histoire un peu sombre, un peu glauque, pas celui d'une histoire d'amour ennuyeuse.

Petite présentation : ce roman, publié en 1938, est l'oeuvre la plus connue de Daphne du Maurier, une aristocrate anglaise. Elle est aussi l'auteur de "Les oiseaux" et "L'auberge de la Jamaïque", qui comme Rebecca, ont été adaptés au cinéma par Alfred Hitchcock. Rebecca est, comme Les Hauts de Hurlevent dont il est inspiré, un roman classique du style gothique.

"Gothique", ça veut dire quoi ?  Dans ce cas-ci, une ambiance pesante, incarnée par la fameuse Mme Danvers, la gouvernante en charge de la maison. Ça veut dire aussi du mystère, celui qui entoure Rebecca, cette épouse et maîtresse de maison tellement parfaite et regrettée qu'on n'en parle pas. Toute la partie de l'intrigue qui se déroule à Manderley est couverte d'une part d'ombre qu'on discerne à peine ; le lecteur sent bien qu'il y a quelque chose de caché derrière les apparences, mais c'est beaucoup plus subtil que ce à quoi je m'attendais. 

L'histoire d'amour en elle-même est finalement peu romantique : la demande en mariage est brutale, et une fois à Manderley, Max de Winter devient un mari carrément insupportable, qui se fâche de façon incompréhensible et laisse sa pauvre jeune épouse timide se débrouiller toute seule. L'épouse en question est à la fois intéressante par sa riche vie intérieure et son imagination débordante, et énervante à cause de sa timidité qui lui fait sans cesse faire les mauvais choix. Il paraît évident au lecteur qu'elle devrait imposer sa volonté en tant que maîtresse de Manderley, au lieu de se cacher dans les coins ! Et l'histoire du bal m'a parue tout à fait évidente alors qu'elle est prise par surprise. Mais la jeune narratrice est aussi touchante et on peut en quelque sorte la comprendre.

La troisième partie du livre, pleine de suspense, rachète les défauts du reste. Les évènements s'enchaînent avec une rapidité surprenante par rapport au rythme plutôt lent du reste du roman. J'ai vraiment adoré cette partie haletante et pleine de rebondissements. J'ai aussi apprécié la position originale du lecteur qui en vient à soutenir "le méchant", c'est assez particulier (et d'ailleurs cet aspect a été gommé dans le film).

Enfin, dernier aspect qui m'a marquée, c'est l'importance de Manderley, la maison. Elle est décrite en détails, autant l'intérieur que l'extérieur, mais c'est beaucoup plus qu'un décor : c'est un personnage à part entière, la vrai cause de tout le drame, la motivation de la plupart des acteurs. La fin n'en est que plus dramatique et presque inévitable...

Bref, voilà une histoire qui n'est pas aussi sombre que ce à quoi je m'attendais, mais qui est aussi beaucoup plus intéressante que ce que le résumé laisse présager. Elle commence lentement, s'assombrit au fil des pages et termine en apothéose. Si le livre a un peu vieilli quand il s'agit des relations sociales, son décor sur fond de maison aux allures de château lui donne un petit aspect de conte intemporel. J'ai passé un très bon moment, une belle façon de commencer 2014 en lecture !


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- l'avis de Nelfe, encore plus enthousiaste que moi, celle de Lalita, qui n'a pas aimé la fin, et celui d'Aidoku, qui n'a pas apprécié l'intrigue ni la narratrice
- acheter ce livre sur Amazon.

2 commentaires:

  1. J'aurais dû lire ce roman pour l'un des Baby challenge 2013 mais le résumé ne me parlait pas particulièrement, donc je l'ai laissé de côté.
    Ta chronique le remet en avant et me donne finalement envie de me pencher dessus ! A part les nouvelles de Barbey d'Aurevilly, je n'ai jamais lu d'ouvrages gothiques. Ce serait l'occasion !

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  2. Dans le gothique, je te conseille aussi Les Hauts de Hurlevent, que j'avais chroniqué ici : http://nath-pageapage.blogspot.fi/2013/05/les-hauts-de-hurlevent-demily-bronte.html Un vrai coup de coeur !

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