15 février 2013

Au bonheur des ogres, de Daniel Pennac


Suivez-moi, je vous emmène dans le monde étrange des Malaussène...


Résumé :

Benjamin Malaussène a la responsabilité des nombreux enfants que sa mère sème à tous vents : Louna qui hésite à avorter, Thérèse qui lit l'avenir, Clara qui est la douceur incarnée, Jérémy l'indomptable et Le Petit qui dessine des ogres-Noël...  Sans compter leur chien épileptique, Julius. Pour les entretenir, Benjamin est bouc-émissaire professionnel au Magasin : il se fait engueuler par tous les clients mécontents et les incite à retirer leurs plaintes. Mais voilà que des bombes se mettent à exploser au coeur du Magasin. Et Benjamin se rend compte que son odeur de bouc émissaire lui colle vraiment à la peau...


Mon avis : 

Ce roman est le premier de la Saga Malaussène de Daniel Pennac. Je l'ai lu il y a longtemps, quand j'étais adolescente, et à l'époque j'avais enchaîné sur toute la série à la suite. Ca fait partie de ces livres qui restent pour moi des souvenirs extraordinaires et dont je dois vous parler le plus tôt possible.

Les aventures de Benjamin Malaussène sont difficiles à classer. Il y a bien un peu de policier, avec quelques meurtres, mais ça ne sert qu'à donner une colonne vertébrale à un récit qui se base en réalité sur des personnages hors du commun mais extrêmement bien décrits, des aventures juste un poil déjantées, et au final un univers tout à fait particulier. Ce n'est clairement pas le genre de roman policier où le lecteur essaie, au côté de l'enquêteur, de deviner le coupable ; ni Malaussène ni nous n'avons les indices nécessaires. C'est juste une histoire moderne dans laquelle on se laisse porter par les événements.  Ce n'est pas non plus une aventure pleine d'action, mais l'histoire avance d'un bon pas et on ne s'ennuie pas. C'est un récit réaliste, mais en même temps conduit sur un mode presque poétique tant on y retrouve de personnages décalés (et savoureux). 

Mais ce qui tient le tout ensemble, c'est certainement le style inimitable. Ca commence dès la première phrase : 
"La voix féminine tombe du haut-parleur, légère et prometteuse comme un voile de mariée."
Ca, c'est de la métaphore comme je les aime !  Et ça continue, entre le pragmatisme d'une narration bien  ancrée dans le réel et dans le présent (qui n'hésite d'ailleurs pas à utiliser un registre très familier ou bien carrément aristocratique en fonction des intervenants), quelques descriptions où transpire la plume bien plus élaborée du professeur de français grand amateur de littérature (voir "Comme un roman"), et une ligne de narration qui divague en fonction des pensées de Benjamin Malaussène.  Et le tout n'est pas hétéroclite, non, juste parfaitement naturel.  En deux paragraphe, j'étais séduite, et certains passages sont carrément exceptionnels - comme la rencontre avec le commissaire Coudrier, ou la partie d'échec nocturne en compagnie de Stojilkovitch.  Daniel Pennac sait planter une atmosphère comme personne. 

Avec autant de qualités, je suis prête à pardonner quelques petits défauts. Comme par exemple, l'une ou l'autre incongruité dans le scénario - pourquoi Tante Julia se met-elle à voler des pulls, je vous le demande ?   Ou l'un ou l'autre aspect qui tend vers le fantastique, ce que je ne supporte pas dans tout autre roman contemporain ou, pire, policier, mais qui passe assez bien ici.  Je pense notamment aux talents de Thérèse, ou à la clairvoyance soudaine de Benjamin lorsqu'il a une crise de surdité. Mais finalement, tous les personnages sans exception ont leur côté presque surnaturel et ça fait une grande partie du charme de ce roman.

Bref, que vous dire à part que c'est un roman à lire. Ce n'est pas mon roman préféré de la série (attention, suspense...) mais c'est quand même un roman contemporain exceptionnellement réussi et une entrée en matière parfaite pour le monde des Malaussène. Vous ne risquez pas grand-chose : même si c'est le premier tome d'une saga, il peut très bien se lire indépendamment du reste. Je n'ai qu'un seul mot : foncez.  


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4 commentaires:

  1. J'ai aussi pas mal lu Pennac dans mon adolescence, y compris celui-ci: j'ai suivi d'assez près la saga des Malaussène. Et puis j'ai un peu laissé tomber, à la suite d'une ou deux déceptions: un roman trop gros ("Monsieur Malaussène"), suivi d'un autre trop court ("Aux fruits de la passion")... Je suis donc passé à autre chose, sans trop m'en apercevoir, au cours des années 1990. Ce qui ne me rajeunit pas...

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  2. Bel enthousiasme dans ce billet qui me donne encore plus envie de le lire ! J'ai hâte de savoir quel est celui que tu préfères dans la série !

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  3. @DF : C'est un peu mon parcours aussi, et à la même époque. Mais "Les fruits de la passion" est le dernier opus de la saga Malaussène de toutes façons. Ensuite j'ai lu l'histoire du dictateur et du hamac (je ne me rappelle plus le titre exact) et c'est là que j'ai lâché l'actualité de Pennac. J'ai envie de me rattraper maintenant :)

    @Georges : Ah, le suspense ne sera pas long :)

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  4. Ce n'est pas non plus pour moi mon préféré de la série mais il pose merveilleusement bien cette fameuse tribu Malaussène si attachante et vivante. Je l'avais lu aussi il y a quelques années et j'ai eu envie de me replonger dedans, c'est vraiment toujours un grand bonheur ^^

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